Le modèle européen de sécurisation des droits fonciers à travers le système de l’immatriculation des terres a eu du mal à s’enraciner en Afrique noire subsaharienne en général, et au Cameroun en particulier .
L’explication serait que le système d’immatriculation des terres a été utilisé comme un instrument par les différents colonisateurs, pour s’accaparer les terres camerounaises au détriment des collectivités coutumières.
Ces dernières ont évidemment réagi, pour revendiquer leur droit de propriété sur les terres constituant leurs terroirs.
La revendication de la propriété des collectivités coutumières sur les terres villageoises a d’ailleurs constitué l’une des principales revendications de l’indépendance du Cameroon.
Face à un régime foncier traditionnel fortement tribalisé, l’Etat post- colonial a choisi la voie du développement économique et social, qui a consacré le maintien du système de l’immatriculation, et a induit de nombreuses réformes foncières visant à le généraliser.
Mais la procédure actuelle d’immatriculation a donné lieu à de très nombreux dérapages, ce qui a suscité beaucoup de récriminations de la part des populations, surtout que cette procédure n’a pas contribué à diminuer le nombre des conflits fonciers et l’intensité desdits conflits, encore moins à sécuriser les droits fonciers individuels.
En l’état, l’utilité économique du titre de propriété demeure encore inconnu de la majorité. Celui-ci semble dénué d’intérêt. Pourtant, pour l’ensemble des populations, la terre est passée au stade de bien économique, créateur des richesses. Un travail de réflexion devra précéder les futures réformes visant à sécuriser les droits fonciers individuels au Cameroun. Cependant, il serait souhaitable que le tout se passe de manière concertée,au moyen d’actions conjuguées entre le gouvernement camerounais, la société civile camerounaise, les organisations internationales, et les ONG intéressées à la thématique de l’administration des terres et du développement durable, en Afrique notamment