Depuis plus d’une décennie déjà, la gestion des terroirs et desressources naturelles a été retenue comme élément de stratégie par lesacteurs du développement dans la zone francophone de l’Afrique. Desprojets importants se sont mis en place. Pour la plupart, ils ont pourobjectif une meilleure protection des ressources naturelles, maisdanscertains cas ils visent plus précisément la conservation des espèces envoie de disparition. Les approches reposant sur la participation despopulations dans la gestion des terroirs connaissent des limites car lesdifférenciations socio-économiques des acteurs et leur divergenced’intérêts sont insuffisamment connues.
Les conflits à propos des ressources naturelles ont fait l’objet denombreux travaux, le plus souvent monographiques, qui présentent demanière approfondie des cas ponctuels2, mais aucune synthèse de cesanalyses partielles n’a été réalisée jusqu’ici et ne s’est risquée à unetentative de typologie. Le travail présenté ici s’inscrit dans cette volontéde classification des différents types de conflits en matière de gestion desressources naturelles et présente les résultats d’études de cas réaliséesrécemment par des équipes de chercheurs de six pays.
Il est possible de classer les conflits en fonction de plusieurs critères :l’espace concerné, les enjeux, les acteurs ou l’impact sur les ressourcesnaturelles. Tout conflit suppose des protagonistes ou des acteurs pour-suivant des intérêts différents; il naît de la volonté de chaque acteur desatisfaire ses intérêts. Ce sont ces mêmes acteurs qui déterminent l’inten-sité du conflit et ses possibilités de résolution. Le repérage des acteurs estdonc essentiel pour l’élaboration d’une typologie. Plusieurs typesd’acteurs ont été identifiés: l’Etat avec ses services d’administration générale et technique, les projets et programmes non étatiques(Organisation non gouvernementale par exemple), les collectivitéslocales, les petits exploitants privés ou les sociétés d’exploitationd’envergure nationale ou internationale et enfin les populations localesqui sont elles-mêmes hétérogènes et se distinguent selon qu’elles sontprincipalement composées d’agriculteurs, d’éleveurs ou de maraîchers ouencore selon qu’elles sont autochtones ou allochtones. Les conflitspeuvent surgir non seulement entre les différents groupes d’acteurs maisaussi à l’intérieur d’un même groupe socioprofessionnel. De ce point devue, les conflits entre éleveurs sont exemplaires. Enfin les conflitspeuvent aussi surgir entre certains services de l’Etat ou entre les membresd’une même collectivité locale.