La relative disponibilité des réserves foncières ne devrait pas nous faire perdre de vue que l’accès à la terre est encore très problématique en milieu rural au Cameroun. Bien que l’on estime que huit ménages sur dix disposent d’une parcelle de terre exploitée pour l’agriculture ou l’élevage, il ne s’agit pas, loin s’en faut, de paysans propriétaires, mais beaucoup plus d’usagers au statut précaire (PNUD, 2006)1 . Dans les zones densément peuplées, les difficultés d’accès au foncier et les modes de faire–valoir constituent un obstacle au développement de nouvelles exploitations et à la replantation des vergers. Dans les zones de forêt où les densités sont de loin plus faibles, la suprématie des concessions forestières et l’érection d’immenses portions territoires en parcs nationaux en dehors d’une dynamique globale et participative d’affectation de l’espace constituent une menace à la survie des peuples autochtones. Les grandes exploitations agro industrielles sont présentées comme des fleurons de l’économie nationale en raison du nombre d’emplois qu’elles offrent mais sur tout le littoral camerounais, elles ont déclenché des revendications de toutes sortes et des conflits non résolus continuent d’émailler leurs rapports avec les communautés locales. La problématique de la sécurisation des parcours dans les secteurs d’élevage du Nord est tout aussi préoccupante dans la mesure où une compétition de tous les instants entre espace agricoles, aires d’élevages et réserves naturelles oppose les acteurs et ne garantit pas la gestion durable des ressources disponibles.
De surcroît, les migrations définitives dues à la dégradation des conditions climatiques opposent les nouveaux venus aux producteurs les ayant précédé qui se considèrent premiers propriétaires et refoulent par conséquent les « les allogènes ». L’accès et l’usage du capital foncier restent plus préoccupants pour les femmes et les jeunes, à cause notamment des pratiques traditionnelles discriminatoires d’accès à la propriété foncière et l’incapacité des lois foncières dites modernes rétablir l’équité face à l’accès et au contrôle des ressources foncières.